Les débats actuels pour la protection de la femme contre les hommes brutaux rejoignent ma totale adhésion. Même si je mets un point d'orgue à certains mouvements féministes, celui de la libération de la femme m'interpelle en ce sens qu'il est révoltant qu'une femme battue, humiliée, accepte ces mauvais traitements tout simplement parce que, vulnérable, elle craint les réactions de l'homme qui en est l'auteur, c'est-à-dire l'abandon probable.
La supériorité incontestable de l'homme sur la femme est bien sûr sa force physique. Au cours d'un entretien récent, accordé par la Directrice de la P.J. à un magasine, elle disait notamment : "La parité n'est pas envisageable. Lorsque la situation dérape, le physique de ces messieurs s'impose".
Un fait demeure encore dans bien des esprits : l'homme est toujours à un niveau supérieur à celui de la femme. Néanmoins, les mentalités changent peu à peu avec l'accession des femmes à des postes de premier plan soit au gouvernement, soit dans l'industrie, le commerce, la Recherche, le monde artistique, bref, la femme s'impose chaque jour davantage dans des domaines autrefois réservés uniquement aux hommes.
Cela devient sa force.
C'est grâce à ces forces nouvelles que les femmes pourront, par le pouvoir et la solidarité, mettre un point final au long martyrologe de leurs soeurs battues.
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J'ai une petite anecdote assez amusante au demeurant, qui reflète bien les a priori de la prédominance de l'homme sur la femme.
Cela se passait en Côte d'Ivoire. Nous étions invités mon mari et moi à un cocktail offert par un ami ivoirien en l'honneur de la naissance de son fils.
Parmi les invités se trouvait l'ambassadrice d'un Etat de l'Afrique de l'Ouest. Au cours de la soirée, la conversation en vint aux difficultés rencontrées par une femme pour s'imposer dans le milieu diplomatique. Elle disait entre autres qu'il lui suffisait d'être accompagnée par son secrétaire d'ambassade (qui n'était pas là ce soir-là) pour qui lui, soit l'ambassadeur et elle, une simple secrétaire de l'ambassade.
A l'époque, notre imprimerie étant bien rôdée, mon mari m'en avait confié la direction afin de lui permettre de s'occuper d'autres affaires qu'il avait créées.
Je pris donc part à la conversation et racontai comment, à mon niveau, lorsque je réalisais un beau travail, c'était mon mari qui était félicité alors même qu'il ignorait l'enregistrement de la commande.
Mon mari s'en montrait gêné vis-à-vis de moi et avec beaucoup de gentillesse et de sagesse il me faisait comprendre que nous devions accepter cette injustice dans notre intérêt commun car, dans l'esprit des clients de l'époque, ils ne nous auraient certainement plus accordé la même confiance.
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Entre temps, le maître de céans, très attentif à maintenir la bonne ambiance de la soirée, veillait à remplir la coupe de champagne de ses invités. Je refusais à remplir la troisième qu'il m'offrait avec tant d'insistance que malgré moi je devins le centre de la conversation, focalisant le regard curieux de certains invités, dont celui de l'ambassadrice en question.
C'est alors que notre ami, qui insistait toujours pour me faire boire une troisième coupe, finit par dire : "Après tout, chère madame, ce n'est pas vous qui conduisez !".
Eh bien si, justement : c'était moi ! La santé de mon mari m'avait obligée à prendre le volant à chacune de nos sorties en voiture.
Cette mise au point étant faite, ce fut un éclat de rire général lorsque je précisai, en prenant les invités à témoin : "Vous pouvez constater que cette remarque de notre ami illustre bien les a priori qui veulent que le rôle de l'homme prévale encore sur celui de la femme !".
Pourtant, en toute équité, sans hyprocrisie et en hommage aux maris dignes de ce nom, reconnaissons que parfois cela vaut vraiment la peine de s'effacer !