J’ai la mémoire des dates et c’est sans doute l’approche du 9 Décembre qui m’inspire de « plancher » sur la laïcité.
La troisième République a voté la loi de séparation des Eglises et de l’Etat le 9 Décembre 1905. La France vit alors une époque très perturbée au point de vue économique et social. L’instabilité ministérielle caractérise le régime.
La tolérance n’est pas l’apanage de cette république de début du vingtième siècle. L’anticléricalisme est virulent et aboutit à cette loi de 1905. Elle avait eu pour prélude la loi de 1904 ayant obligé les congrégations à fermer leurs écoles. Bon nombre d’entre elles quittent la France pour émigrer à l’étranger comme les frères de Ploërmel au Canada.
Il est difficile de juger cette troisième République qui, vers la fin du dix-neuvième siècle nous a apporté, avec Jules Ferry ministre, président du Conseil, une œuvre considérable : liberté de la presse et de réunion, liberté municipale et syndicale et surtout, l’école gratuite ce que tout le monde retient.
Je me rappelle l’école de mon petit village lorrain où, au cours de l’instruction civique dispensé par une merveilleuse institutrice que nous respections tous au plus haut point, garçons comme filles, elle nous expliquait que l’école était laïque, gratuite et obligatoire.
Laïque : c’est-à-dire qui concerne la vie civile par rapport à la vie religieuse.
Gratuite : l’école est dispensée sans qu’il en coûte rien (…), sans payer.
Obligatoire : à laquelle on ne peut se soustraire sous peine de sanction de l’Etat.
Cette explication ne suscitait rien d’autre chez la petite fille que j’étais, qui venait juste d’atteindre l’âge de raison, qu’un sentiment de reconnaissance envers son pays, la France, qui tenait absolument à lui inculquer les premiers rudiments de la gnose afin d’être « indépendante » dans la vie. C’étaient les paroles mêmes de celle que nous appelions « la dame ».
En fait, le certificat qui sanctionnait ce premier cycle d’études primaires avait à tout le moins le mérite de nous voir écrire sans fautes d’orthographe à 12-13 ans et de calculer rapidement mentalement ; ce qui est loin d’être la caractéristique de nos bacheliers actuels. Je leur concède néanmoins de savoir utiliser leurs calculettes beaucoup mieux que moi, disons : que nous, les seniors de 90 ans, les « have been » pour être un peu « inn » ou dans le vent ou, mieux, « tendance ».
Pour en revenir à la religion, la laïcité proprement dite n’a jamais été un obstacle dans ma vie studieuse. Il y avait en France à l’époque deux religions principales : la religion catholique et, en plus petit nombre, la religion protestante.
J’ai été élevée, dans ma famille et dans certains cours privés, dans la religion catholique. C’est de cette façon que j’ai adhéré à une doctrine religieuse qui m’a inculqué des sentiments de respect et de devoir à accomplir. Au cours de ma vie, je les ai transmis à mes enfants qui en ont toujours tenu compte.
Au fil des années la religion est devenue pour moi une religion naturelle dont les préceptes sont fondés simplement sur le raisonnement et la conscience mais elle m’a toujours servi de viatique dans ma très longue vie.
Aujourd’hui, que la laïcité soit un principe majeur de la République, j’y applaudis pleinement. Cela me donne un sentiment d’indépendance et de liberté qui délimite le pouvoir de l’Etat dans la famille, voire dans la personnalité de chacun.
Par ailleurs, les religions se sont tellement multipliées dans notre pays depuis quelques années que je ne voudrais à aucun prix voir l’Etat devant certaines alternatives, faire preuve de laxisme ou de favoritisme envers une religion quelconque.
Un tel dilemme ne risquerait-il pas, en disant « Paris vaut bien une messe » d’aller tout droit vers une guerre sainte ? L’Etat doit ouvrir l’œil !
En conclusion, je me fais personnellement une religion de la laïcité !
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